Des impacts différents selon les cultures et leur stade
Depuis le 24 juin, une forte vague de chaleur touche l’ensemble du territoire. Encore difficiles à estimer aujourd’hui, les impacts diffèrent d’une culture à l’autre. Les experts Arvalis et Terres Inovia dressent un premier bilan.
L’Hexagone fait face, depuis le 24 juin, à une vague de chaleur assez inhabituelle pour la saison sur la quasi-totalité de son territoire. Avec des maximales supérieures à 35°C, cet épisode 2019 est de quelques degrés plus chaud que celui que le pays avait connu fin juin 2017, note Arvalis-Institut du végétal. Quel impact cela peut-il avoir sur les cultures, leur rendement, leur qualité… ?
Un possible « arrêt prématuré du remplissage » pour les céréales
Pour les céréales à paille, la situation diffère en fonction des espèces et de leur avancée. « La maturité physiologique des orges d’hiver est passée et les récoltes déjà initiées dans plusieurs régions », explique Jean-Charles Deswarte, Arvalis-Institut du végétal. Pour le blé par contre, le remplissage des grains est encore en cours dans de nombreux secteurs : « au nord d’une diagonale Nantes-Lyon », précise l’expert. Même constat pour les orges de printemps avec un « remplissage actuellement peu avancé, aux alentours du stade grain laiteux ».
Dates estimées d’apparition du stade maturité physiologique pour le blé tendre en 2019 (©Arvalis-Institut du végétal)Les fortes températures peuvent impacter la constitution du PMG des céréales de différentes manières, selon Jean-Charles Deswarte :
- « Dans un premier temps, les températures modérément élevées (25 à 30°C) n’affectent pas fortement le métabolisme. Mais la durée (en jours calendaires) du remplissage se raccourcit plus que l’accumulation de sucres dans les grains, conduisant à une petite perte de PMG. »
- « Ensuite, les températures supérieures à 30 voire 35°C engendrent des perturbations dans la multiplication des cellules (cas d’un stress précoce, avant grain laiteux) ou ralentissent brutalement le remplissage des grains (cas d’un stress thermique plus tardif, vers grain laiteux-pateux). La photosynthèse est également affectée sur le long terme, ce qui limite les opportunités de rattrapage lorsque l’épisode caniculaire sera terminé. »
- « Lorsque la température dépasse 35°C et que les réserves en eau deviennent faibles, les plantes peuvent ne plus être capables d’absorber assez d’eau et de contrôler leur transpiration, amenant à un échauffement brutal des tissus exposés au soleil, et éventuellement à une forme d’embolie dans les vaisseaux du xylème. Ceci peut aboutir à un arrêt immédiat et définitif du fonctionnement de la plante. »
Les situations les plus à risques concernent donc « les parcelles plus tardives (blé tendre ou orge de printemps) avec des sols dont les réserves en eau sont épuisées ». Jean-Charles Deswarte conseille également de surveiller, en parallèle, les critères technologiques. « Un fort stress thermique en fin de remplissage ou en début de dessication des grains peut conduire à une levée de dormance. Ceci n’aura cependant pas de conséquence si les semaines à venir sont sèches et chaudes »